jeudi 21 mai 2015

Voir autrement : les sculptures d’Isabelle au fond des yeux …


« Qui cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux » (Kundera) … ou le chercher peut-être dans ceux des sculptures d’Isabelle … Morceaux choisis et surprenants adressés au regardeur regardé par les œuvres approchées d’un autre œil …



« J'entendrai des regards que vous croirez muets » (Racine) … Les yeux parlent en effet, ne trompent jamais … Ceux des visages d’Isabelle en disent long, capturés dans la matière, sublimés par leur expressivité (don de l’artiste), modulés encore par la lumière changeante et les ombres créées …   

Les yeux des sculptures : tout un sujet… On commence par les croiser puis on s’y arrête, captivé par leur discours silencieux renforçant l'étonnante impression de présence qui étreint dès le franchissement de la porte de l’atelier … Présence invisible mais perçue, puissante et enveloppante, saisie et annoncée au visiteur sentant qu’il n’est pas seul. Incroyable magie des œuvres émanant de leurs formes, transmise aussi par leurs regards subtilement déclinés, parfois même suggérés, toujours intenses & variés, à l’image des sentiments qu’ils suscitent…

Variations riches et sensibles, du regard frais et enjoué de deux jeunes femmes à celui de L’Indien, franc et perçant : trois visions frontales pour trois conversations les yeux dans les yeux …

De Gauche à droite
La Dame aux Frites, L’Indien & Jeune Femme (Bronze)


Douceur & sensibilité, ou le regard de la Sérénité, plus mystérieux, plus éloigné, que l’on ne peut s’empêcher de chercher à capter par envie, sans doute, de partager … 

Sérénité, original en terre & détail du Bronze


Autres œuvres, autres tons : Regards clos respectant l’intimité du geste du Baiser ou de son Ombre

Le Baiser (Bronze) & L’Ombre du Baiser (original en terre)


Regards croisés avec Les Ombres, deux têtes magistrales affrontées dans un cri muet et pourtant sonore, amplifié par l’intensité du discours des yeux, angulaires et lapidaires.

Les Ombres (Bronzes sur axes pivotants)


Regards pluriels & distanciés de L’Envers du Décor, transcription saisissante de l’écart éloignant l’être du paraître. Du masque de l’apparence au visage de la réalité ici douloureuse … Passage significatif illustré par la métamorphose des yeux, passant du plein au vide, de l’inexpressivité imposée aux larmes de la vérité, profondes & tatouées…

L’Envers du Décor (Bronze)


Des yeux & des regards pérennisés dans la matière mais aussi, parfois, juste suggérés : tour de force de l’artiste illustré par des œuvres peuplées de personnages qui observent, s’observent, fixent, cherchent, se cherchent, s’envisagent, s’interpellent (Chroniques amoureuses des Cinq Couples), se rencontrent et échangent (magie de L’Instant, intimité de La Conversation Silencieuse, complicité de Simplement et Tout Simplement), affrontent (Le Mur ou l’art de se relever) … s’expriment, en d’autres mots, à travers des yeux pour le coup absents ... 

Les Cinq Couples (Bronze)
Rencontre, Approche, Doute, Conflit, Incompréhension

Registre supérieur : L’Instant (Résine & Bronze)
Registre inférieur : La Conversation Silencieuse (Bronze)

Tout Simplement (Résine, poudre de marbre & Bronze)
Dialogue complice entre le géant et le petit Simplement 
Le Mur (Bronze)
 
Il y a, aux mots de Paul Claudel, « des yeux qui reçoivent la lumière et il y a des yeux qui la donnent » … Ceux des sculptures d’Isabelle, vecteurs d’émotions et aussi de cette étrange clarté qui émane du travail solaire de l’artiste, savent visiblement faire les deux. Leur force, un don même … ou peut-être plutôt une part de celui de l’artiste ? … Fascinant …

S.C.



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